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Revue: Breitling Navitimer B01 Chronograph 43

La Navitimer de Breitling est une montre épique, point final. Elle a ses amoureux et ses détracteurs, c'est certain, mais même ses détracteurs les plus acharnés doivent au moins reconnaître que, de toutes les montres-bracelets chronographes célèbres, celle-ci est la référence absolue. Et figurez-vous qu'il y en a une nouvelle.

Contexte

Avant la Rolex Daytona et l'Omega Speedmaster, il y avait la Breitling Navitimer. Il s'agit de l'une des plus grandes combinaisons de technologies depuis le radio-réveil et son héritage s'étend sur près de trois quarts de siècle. C'est pourquoi, pour célébrer les 70 ans de la Navitimer, Breitling a lancé une série spectaculaire d'éditions colorées qui donnent une nouvelle vie à cette montre classique.

On entend moins parler de la Navitimer que de la Daytona et de la Speedmaster, alors pourquoi diable mériterait-elle la première place ? La Daytona est une montre dont la liste d'attente est plus longue que le dictionnaire et la Speedmaster a été portée par Buzz Aldrin lorsqu'il est devenu le deuxième homme à marcher sur la lune. En comparaison, le Navitimer n'est qu'un examen oculaire portable.

Je vous ai dit que la Navitimer existait depuis 70 ans, et je dois m'excuser, car c'est un peu un mensonge. Le Navitimer n'est pas tant un nouveau modèle à part entière qu'une variation d'un modèle existant, la Chronomat de 1942. La Chronomat est très différente de la Navitimer d'aujourd'hui, mais si vous les placez côte à côte dans les années 50, vous aurez du mal à faire la différence.

La Chronomat est avant tout un mot-valise. Et Breitling aime ça. C'est aussi un ordinateur, une montre intelligente sans batterie si vous voulez, qui a offert à de nombreuses personnes un outil pratique et portable pour calculer des sommes compliquées à la volée. C'est un chronographe pour les mathématiciens. Chronomat. Maintenant vous savez.

Ce qui lui a permis d’y arriver, c’est la règle à calcul. La règle à calcul est l'un des nombreux plaisirs dont les anciennes générations ont pu profiter au cours de leur scolarité, comme les batailles à la récré, les tables de logarithme et les allers-retours à pied avec une montée et une descente, sous la pluie battante. C’est un moyen mécanique de transformer un calcul mental très compliqué en un véritable jeu d'enfant. Le vieux Willy Breitling a eu la bonne idée d'en ajouter une à ses célèbres montres chronographes.

Enfin, je dis un jeu d’enfant - encore fallait-il réussir à utiliser cette règle à calcul. Même les manuels d'origine de Breitling décrivaient la lunette à règle à calcul comme nécessitant « un peu de temps et de patience pour la maîtriser ». Pour tous ce, cependant, la combinaison règle à calcul-chronographe était un coup de maître, et il n'a pas fallu longtemps pour que des personnes qui n'étaient pas des ingénieurs ou des mathématiciens mais qui avaient besoin de faire des calculs complexes sur le pouce s’emparent de cette innovation. Ces personnes étaient et sont toujours les personnes les plus cool du monde : les pilotes.

On pourrait croire que les pilotes d'aujourd'hui se contentent d'appuyer sur le bouton « pilote automatique » et se détendent en regardant Netflix, mais, tout comme à l'époque, il y a encore beaucoup de travail à faire dans la cabine pour s'assurer que l'avion arrive à destination sans subir ce qu'on appelle de façon anodine un airprox. Pour vous et moi, cela signifie faire dans son pantalon, à côté d'un autre pilote qui est aussi en train de regarder Netflix.

Il y a une charge mentale continue avec d’énormes pics de stress et ajouter le calcul mental serait tout simplement un désastre. Ainsi, au lieu d'essayer de faire des divisions compliquées dans leur tête tout en essayant de ne pas s'égarer dans l'espace aérien, une bande de pilotes s'est réunie et a fait pression sur Willy Breitling pour qu'il convertisse le Chronomat à l'aviation.

Curieusement, Willy essayait de prendre ses distances avec l'aviation, car sa marque était devenue connue uniquement pour la fabrication d'instruments de bord, et il n'aimait pas cette idée. Le Chronomat était un objet sacré qui lui permettrait de conquérir un nouveau marché de professionnels, mais inévitablement, que ce soit à cause d’un harcèlement constant ou d’une grosse liasse de billets, il a cédé et a créé un tout nouveau mot-valise : Navitimer. Un minuteur pour la navigation.

Revue

Elle est belle et bien conçue, mais suggérer que la Navitimer est le top du chronographe à côté de la Speedmaster et de la Daytona semble encore un peu exagéré. La Speedmaster est allée dans l'espace, vous vous souvenez ? Elle fut, en octobre 1962, la première des Speedmasters à s'aventurer en orbite terrestre basse. Cependant, ce n'était pas la première montre-bracelet. Une Heuer est apparue plus tôt, en février de la même année, mais il s'agissait d'une montre de poche portée sur un bracelet personnalisé. En fait, la première montre-bracelet suisse à avoir été envoyée dans l'espace le fut en mai 1962, et il s'agissait, ô surprise, d'une Breitling Navitimer.

Tout comme la Navitimer avait été calibrée pour les pilotes, cette version particulière a été calibrée pour l'espace. Plutôt que d’avoir un affichage classique de 12 heures, elle fut modifiée pour pouvoir afficher 24 heures dans son cadran. En effet, l'astronaute Scott Carpenter, qui avait commandé la montre, avait déduit qu'en volant autour de la Terre plus vite que le soleil levant, il serait un peu difficile de calculer le matin et l'après-midi.

C'est ainsi que la nouvelle montre a été créée, une montre pour les astronautes, et pour rompre avec la tradition, Breitling l'appela la Breitling Astronaut. Ce fut son nom jusqu'à ce qu'un des avocats de Breitling découvre que le terme "astronaute" était protégé par le droit d'auteur, et elle fut donc renommée Cosmonaut à la place. Ils étaient presque sûrs que les Russes trouveraient ça cool.

Et la Daytona ? La Daytona est... enfin, elle ne l'est pas, vraiment. À côté d'une montre comme la Navitimer, elle fait plutôt figure d'outsider, le plus grand mérite de son nom étant d'avoir été offerte à une star de cinéma qui n'a même pas pris la peine de la garder, la refilant au type que sa fille fréquentait à l'époque. La seule fois où la Daytona est allée dans l'espace, c'était au poignet de l’astronaute Mike McCulley en 1989. À ce moment-là, les astronautes emportaient avec eux des caméras IMAX massives, ce qui n’était pas une consécration.

Le fait est que la Navitimer est l'originale, le chronographe qui a ouvert la voie aux pilotes de l'air et de navettes spatiales. Ainsi, pour célébrer cet exploit et ses 70 ans d'existence, nous vous proposons celle-ci, en 43 mm et dotée du calibre interne Breitling B01 qui lui confère une épaisseur raisonnable de 13,6 mm. Elle se distingue par un cadran bleu attrayant avec des sous-cadrans noirs percutants, et vous pouvez choisir le vert ou le cuivre si vous le souhaitez, ou un noir ou un argent plus traditionnel.

Des petites taches rouges vous rappellent le sens de rotation de la lunette lorsqu'elle est au repos. Vous n'avez donc pas à vous inquiéter de sa position, et, soyons honnêtes, vous ne l'utiliserez pas pour calculer quoi que ce soit, à moins que vous n'ayez un peu de temps, de patience et pas d'iPhone.

Mais là où les spécifications sont un peu décevantes, la qualité de la pièce prend le dessus. Breitling a mis l'accent sur la finesse des détails ces derniers temps, de la netteté des marqueurs à l'éclat du cadran soleillé. Tout cela augmente vraiment le sentiment de valeur qui se dégage de leurs pièces. Même ce que l’on peut voir à l'arrière de la B01, comme les roues et les leviers, et le motif Breitling dans la boucle bi-pliante, donne l'impression d'un énorme changement.

Et c'est là que cette montre se distingue de la manière la plus inattendue, car ces améliorations visuelles ne s'accompagnent pas d'un prix exorbitant. Avec un bracelet en cuir - le bon choix, si vous voulez mon avis - elle coûte un peu moins de 8 000 €, soit presque la moitié du prix de sa rivale la Daytona. Elle devance la Speedmaster de 1 700 €, mais avec un examen approfondi, cette petite différence se justifie facilement.

Avec seulement 30 m d'étanchéité, elle est loin de la Daytona. Cependant, comme il s'agit d'une montre de pilote, si vous vous retrouvez dans l'eau, elle ne sert plus à grand chose. Comme l’astronaute Scott Carpenter, qui a endommagé sa Cosmonaut lors de son amerrissage, vous vous rendrez vite compte que vous avez de plus gros problèmes.

Pour à peu près la moitié du prix, la Breitling Navitimer B01 Chronograph 43 vous offre beaucoup plus qu'une Rolex Daytona. Elle bat la Daytona en terme d’ancienneté, dans les airs et dans l'espace. Les stars de cinéma qui ont porté la Navitimer ne sont peut-être pas au top de la coolitude, mais ne pensons pas à ça. Les personnes qui ont payé pour en porter une font partie des gens les plus cool de la planète - ce qui, par défaut, en fait l'une des montres les plus cool.

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