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Dossier : Pourquoi la Monaco de TAG Heuer est le chronographe le plus négligé du marché

Si l'un des critères pour qu’une montre soit véritablement emblématique est de pouvoir facilement la reconnaître à l’autre bout d'une pièce, alors la Monaco originale de TAG Heuer doit être l'une des montres les plus emblématiques de tous les temps.

Cette pièce culte de 1969 est l'une des montres au look le plus unique jamais fabriquées grâce à son boîtier carré, son cadran bleu pétrole d'avant-garde et ses registres de chronographe contrastés.

Pour couronner le tout, la couronne se trouve sur le côté gauche du boîtier et d'étranges index horizontaux ne facilitent pas la lisibilité, mais font de cette montre une véritable curiosité horlogère.

Il n'est pas étonnant que l'acteur Steve McQueen (dont nous reparlerons plus tard) ait été un grand fan, portant la montre dans le film de course automobile Le Mans (1971).

Plus d'un demi-siècle plus tard, la Monaco a donné naissance à autant de versions que Lewis Hamilton a eu de changements de pneus. Certaines ne ressemblent pas du tout à l'original, à l'exception du fameux boîtier carré. Mais la Monaco est devenue une sorte de talisman de TAG Heuer, une présence constante dans le catalogue de la marque depuis une réédition en 1997, puis un subtil remodelage en 2002 qui a ouvert les portes à une multitude d'interprétations.

Cela dit, nous pensons que cette montre ne bénéficie pas de tout le respect et de toute l’attention qu’elle devrait avoir.

Pour fêter les vingt ans qui se sont écoulés avant l’actualisation de la ligne Monaco par TAG, nous allons vous expliquer pourquoi elle est l'un des plus grands chronographes du monde.

La grande course aux chronographes automatiques

Vous connaissez probablement déjà l'histoire, mais voici un récapitulatif.

Au milieu des années 1960, la course est lancée pour fabriquer le premier mouvement chronographe à remontage automatique au monde. Les trois prétendants étaient Seiko, Zenith et un consortium composé de Heuer-Leonidas (comme TAG Heuer s'appelait alors), d’Hamilton-Buren, de Breitling et du fabricant de mouvements Dubois-Dépraz.

Le consortium a créé le Calibre 11, un mouvement qui a déplacé la couronne de remontage sur le côté gauche du boîtier et a fusionné la technologie du micro-rotor de Buren avec un module chronographe Dubois-Dépraz pour rendre la montre plus mince.

La course a été très serrée. Les trois marques ont présenté leurs nouveaux mouvements à Bâle en avril 1969, mais Zenith avait déjà dévoilé un prototype de son calibre El Primero en janvier 1969, remportant ainsi la médaille d'or.

Jack Heuer, l'arrière-petit-fils du fondateur mais probablement le deuxième personnage le plus important de l'histoire de la société, avait prévu que le Calibre 11 alimente les collections Carrera et Autavia déjà existantes. Battu dans la course au chronographe à remontage automatique, il a cherché à se consoler en entrant dans l'histoire d'une manière différente.

En collaboration avec le célèbre fabricant de boîtiers Ervin Piquerez, qui a ouvert la voie à la conception de boîtiers de montres de plongée à compresseur dans les années 1960, ils ont créé la Monaco, la première montre étanche sans boîtier rond - cette forme étant beaucoup plus facile à rendre étanche qu'un boîtier carré ou rectangulaire.

Quant au nom de Monaco, Jack Heuer avait le don de nommer les montres et a baptisé celle-ci d'après la course la plus glamour du circuit de Formule 1. Aux côtés de la Carrera et de l'Autavia, il complétait un trio parfait de chronographes de course pour Heuer et tous trois figurent encore aujourd'hui au catalogue de la marque.

La polémique McQueen Vs Newman

L'Explorer II de Rolex du début des années 1970 est peut-être surnommée la "Steve McQueen" - bien qu'il n'existe aucune photo de lui la portant réellement - mais, soyons honnêtes, personne n'a jamais vraiment imaginé l'acteur décédé avec autre chose qu'une Heuer Monaco classique au poignet.

McQueen a commencé à porter la Monaco lorsqu'il a endossé le rôle du pilote de course Michael Delaney dans Le Mans. Pour jouer ce personnage, il s’est inspiré de son ami, le pilote suisse Jo Siffert, consultant et doubleur dans le film, copiant non seulement la combinaison de course de Siffert mais aussi sa montre

Siffert a conclu un accord de parrainage avec Heuer, mais c'est McQueen qui a choisi de porter la Monaco. Il a décidé d'acheter six modèles identiques, s'assurant ainsi d'avoir quelques montres de rechange pour ce tournage qui comportait plusieurs cascades périlleuses.

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McQueen est mort à l'âge de 50 ans en 1980 avec moins de 30 films à son actif, dont de nombreux classiques. Mais le cinéma mis à part, McQueen est devenu une icône posthume de la mode masculine, la personnification de ce qu'on appelle le style "Ivy League" - pensez aux chemises à col boutonné, aux desert boots et aux chinos.

Paul Newman était cool, sans aucun doute, mais McQueen était plus cool et plus viril, entrant dans l'industrie du cinéma seulement après avoir servi dans les Marines américains et travaillé comme bûcheron canadien. Au milieu des années 1970, il était la star de cinéma la plus populaire et la mieux payée du monde entier.

En 2020, l'une des Monaco de McQueen s'est vendue pour la somme record de 2,208 millions de dollars lors d'une vente aux enchèresPhillips à New York, de loin la Heuer la plus chère jamais vendue - bien que ce ne soit pas grand-chose comparé à la Daytona de Newman qui est partie pour près de 18 millions de dollars.

S'il était un jour prouvé que McQueen possédait bien une Explorer II et que la montre était localisée, il serait fascinant de voir à quel prix elle se vendrait.

Le prisme de l'innovation

Plus que tout autre modèle, la Monaco est désormais la montre de référence de TAG Heuer lorsqu'il s'agit de présenter ses dernières technologies. Loin de la considérer comme un objet sacré auquel il ne faut jamais toucher, la marque a lancé au fil des ans toute une série de modèles qui évoquent l'esprit avant-gardiste de l'original.

Parmi ceux-ci, citons la Monaco 69, dont le cadran réversible offre un affichage analogique et numérique, et l’extraordinaire Monaco V4, dont le mouvement à entraînement par courroie ressemble à l'une des créations folles de Max Busser.

Il est intéressant de noter que tous les modèles de la collection Monaco ne sont pas des chronographes, ce qui donne aux acheteurs la possibilité de profiter d'une version plus simple de la montre tout en conservant l'esthétique des années 1970. Il existe même des versions à quartz et d'innombrables éditions limitées avec des cadrans à rayures de course.

On dit que cette montre est souvent vue dans les rues de Monaco pendant la semaine des courses, où même les propriétaires milliardaires de Richard Mille arborent cette TAG Heuer au prix abordable, comme s'ils faisaient partie d'un culte de type Paneristi. C'est l'un des chronographes emblématiques les plus abordables du marché et son attrait ne semble pas prêt de s'estomper.

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